
Le mot du Shaliah
Ce que j’ai vu à Medyka…
« Il faut des bras, il faut de l’argent. »
Il y a encore quelques semaines seulement, rien ne présageait que je me rendrais un jour à Medyka, à la frontière séparant la Pologne de l’Ukraine.
L’invasion russe en Ukraine a aussitôt enclenché une nouvelle mobilisation opérationnelle au sein du Keren Hayessod et de l’Agence Juive. En effet, toute guerre entraîne immédiatement catastrophe humanitaire, refugiés, besoin d’aides, de supports financiers et logistiques. Dès les premières heures du conflit, le KH Belux a lancé des appels aux dons pour donner à l’Agence Juive, notre partenaire stratégique, les moyens d’agir là où des vies étaient en jeu.
Mais très vite, le besoin d’aider sur le terrain, de voir, de ressentir, m’a gagné.
J’ai donc pris un vol pour Cracovie pour rejoindre Udi, Shaliah du KH à Munich, qui acheminait une camionnette remplie de produits de première urgence. Ensemble, nous avons fait la route vers Medyka. J’ai passé trois jours sur cette frontière.
J’en suis revenu il y a deux semaines, mais physiquement seulement. En esprit je suis encore là-bas. Je reste profondément marqué par le regard bouleversant des réfugiés traversant la frontière.
Des femmes avec des enfants, des bébés dans leur poussette, des vieillards en fauteuil roulant que des volontaires viennent aider… Les hommes eux, leurs maris, leurs fils de plus de 18ans, sont restés en Ukraine pour combattre. Certains n’ont pas fui, n’ayant pas la force de se lancer dans un tel périple.
« D’un côté de la frontière : le noir, le mal, la peur, la violence et la mort.
De l’autre côté : l’espérance, l’entraide, l’espoir et la vie. »
J’entends encore ces paroles venant d’un des Sauveteurs Sans Frontière quand il nous a vus, Udi et moi, tellement blêmes à la vue de ce chaos.
Un drôle d’équilibre que ce monde, notre monde.
Tous ces réfugiés que nous avons croisés viennent d’éprouver la peur, la tristesse de quitter leur maison, leurs mari et enfants ou parents, sans savoir s’ils se retrouveront un jour. Ils ont été confrontés à l’odeur de la fumée, au bruit des bombes et surtout à l’odeur de la mort.
Heureusement, le long des 6 frontières, il y a ces centaines, ces milliers même de volontaires présents depuis le début de la guerre. Ils ont mis entre parenthèses leur vie, leur travail, leur famille pour venir en aide aux réfugiés, à tous les réfugies, sans distinction.
Notre première rencontre s’est faite avec les volontaires de l’organisation Ebenezer, Chrétiens Amis d’Israël, des amis du peuple Juif. Depuis des semaines à Medyka, drapeau d’Israël sur les épaules, ils prennent en charge les Juifs ukrainiens qui veulent rejoindre Israël. Ils ont loué un hôtel à une demie heure de Medyka pour les recevoir, les réchauffer, les nourrir, les soigner avant de les conduire à Varsovie où des avions affrétés par l’Agence Juive et le Keren Hayessod les amèneront enfin en Terre Promise.
Je ne trouve pas les mots pour vous décrire tout l’amour qui se dégage de leur action, de leurs paroles, de leurs prières pour le peuple juif. La rencontre était tellement forte, profonde.
Là-bas, sur cette frontière, j’ai trouvé des amis épris de justice et remplis d’une bonté que l’on ne rencontre que trop rarement.
Les Israéliens ne sont pas en reste dans cette formidable entreprise d’entraide. Ils sont là en nombre, arrivés les tout-premiers sur le terrain. C’est incroyable.
Qu’il s’agisse des Sauveteurs Sans Frontières, Natan, l’Hashomer Hatsair, de l’Agence Juive bien sûr….
J’ai vu, sur cette frontière, la concrétisation du concept de Tikoun Olam : sauver une vie pour sauver le monde. C’était en train de se réaliser, là, sous mes yeux et cela m’a redonné un peu d’espoir pour l’avenir.
Des hommes et des femmes, de tout âge, religion, patrie…. Toutes ces personnes d’exception et pourtant des gens comme vous et moi.
Toutes m’ont demandé de faire passer ce message. « Après les réactions spontanées au niveau personnel et associatif, il faut maintenant organiser, planifier, structurer car nous sommes en face d’une catastrophe humanitaire de très grande envergure, qui va durer dans le temps. Il faut des bras, il faut de l’argent. »
L’Agence Juive, notre partenaire stratégique, a lancé un appel de financement pour faire face à cette catastrophe humanitaire. Des besoins estimés d’abord à 10 M de dollars sont passés à 30 M de dollars. A présent, ce chiffre est monté à 85 M de dollars !
34 M ont déjà été collectés, dont 12 par le Keren Hayessod à travers le monde, avec l’apport également des Amis d’Israël, Chrétiens évangéliques.
Israël a besoin de nous, plus que jamais, pour faire face à l’intégration de tous ces nouveaux émigrants, pour continuer l’action humanitaire menée sur toutes les frontières de l’Ukraine ainsi qu’à l’intérieur même de l’Ukraine.
Si nous n’apportons pas cette aide maintenant… Quand le ferons-nous ?
Yoel Rutbi, Shaliah Keren Hayessod Belux
Le KH en action !
Steven Lowy, Président du Conseil d’Administration mondial du Keren Hayessod
Les chiffres actualisés au 04.04.2022
🛩️ 9 965 Olim d’Ukraine et de Russie
📦 23 000 Colis distribués aux réfugiés
🚸 1 507 Réfugiés en transit
💲 34 000 000 $ collectés (dont 12 M par le KH) sur les 85 M nécessaires